Une écobiographie

février 18, 2023 0 Par Pierre Buchwalder

C’est un rapport intime au monde, au-delà d’un rapport utilitaire. C’est un ensemble de moments, souvenirs et mémoires que l’on conserve plus ou moins intactes de nos liens avec le vivant, décentré de notre sociabilité humaine.

Cela sous-entend comme prémisse, la faculté à être touché par une entité écologique, que ce soit une rivière, un paysage, un arbre, un animal, ou l’ensemble de ces choses à travers un lieu. À être saisi à travers une émotion et à construire une partie de notre identité au travers de ce(s) moment(s).

C’est être saisie et se sentir fondamentalement redevable de nos liens avec le vivant. C’est cultiver l’observation. Étendre nos rapports intimes que l’on réserve pour beaucoup aux seuls êtres humains. C’est célébrer nos amitiés inter-espèces (lire « Éloge des espèces compagnes » de Donna Haraway et « Habiter en oiseau » de Vinciane Després). C’est reconnaître et partager nos liens d’appartenances, personnels et collectifs, à la forêt, aux plantes et autres entités vivantes terrestres.

En développant cette sensibilité envers le monde habité, c’est une palette d’expériences multiples qui se dessine, toutes particulières. C’est une bibliothèque de souvenirs glanés à l’occasion, qui ne se commandent pas. Puis ce sont des cartes, des traces et des fragments de ces liens qui une fois dépliés, parlent de nos écobiographies1 respectives. De nos histoires, tristes et joyeuses, de nos jeux avec la terre qui mouille, qui gronde et qui tache.

1Lire « Je est un Nous » de Jean-Philippe Pierron