Biotopes Nourriciers

janvier 30, 2023 0 Par Pierre Buchwalder

Qu’est ce que c’est ?

Une souche d’arbre pourrie, le creux d’un volcan endormi, une friche industrielle, un pierrier, une flaque d’eau, une forêt primaire, un parc urbain, un mur en pierre sèche, en brique ou encore en vieux béton, une plaine humide l’hiver et sèche l’été, le tarmac d’un aéroport abandonné, tous ces lieux (et bien d’autres) offrent des caractéristiques propres aux espèces terrestres, leurs offrant soit le gîte soit le couvert, soit les deux. Les espèces dont l’être humain y trouvent les conditions adéquates pour s’y installer et prospérer, dans le jeu subtile entre coopération et compétition des espèces les unes avec les autres. Ainsi les interrelations entre les conditions météorologiques, le sol et les espèces qui le composent, constituent ensemble ce que l’on appelle le biotope.

Un biotope nourricier a pour particularité d’être habité par des êtres humains désireux de prélever le nécessaire pour y vivre sans piller les ressources et sans nuire à la capacité de régénération du biotope. Au contraire ils et elles tendent vers l’insertion de leurs faits et gestes au sein du biotope, loin d’une séparation binaire entre nature et culture.

Les Hommes ne sont pas séparés ni supérieur à la nature, ils en seront dépendants et reliés encore pour longtemps, même arrivés sur Mars.

Il s’agit donc de ménager plutôt que d’aménager. De cultiver plutôt que d’exploiter.

Les biotopes présents sous nos latitudes tempérées, du climat océanique au climat continental regorgent d’espèces de plantes et de champignons comestibles, bien qu’elles soient peu goûteuses ou connues. La découverte très stimulante de ces espèces, participant à la reconstruction individuelle et collective de notre autonomie alimentaire, ne doit pas nous aveugler sur la nécessité de les récolter avec parcimonie.

Une fois de plus, il s’agit de prendre soin du non-humain en resituant nos actes individuels dans son contexte historique : la domination totale de l’espèce humaine sur l’ensemble des écosystèmes terrestres depuis 70 ans, ou Anthropocène.

C’est donc aussi et avant tout cultiver notre conscience du changement climatique et l’empreinte terrestre que l’on laisse derrière soi en ville et à la campagne.

À nous donc d’ensemencer nos lieux de vie et de propager l’abondance, formant une toile de relations inter-espèces plus forte que jamais. Et ainsi tenter de s’adapter, aux changements sans précédent de nos climats tempérés.