Reconsidérer la ronce

février 18, 2023 0 Par Pierre Buchwalder

Épineuses, arquées, sombres et foisonnantes, les ronces ont tout pour plaire aux écophobes. À croire qu’elles pullulent exprès dans leur jardin, pile là où il ne faut pas. Pourtant la ronce a plus d’un tour dans son sac et réserve quelques surprises à celles et ceux qui lui laisseront un bout de son jardin pour quelques années.

Héliophile, la ronce se disperse et croit sur les prairies et espaces découverts pour former d’épais buissons impénétrables. C’est là, que petit-à-petit, la forêt s’installe. Protégés par ses épines, de frêles feuillus prospèrent dans sa litière, semés par les oiseaux venus se gorger de mûres au mois d’août. Sureaux, noyers, saules, érables et autres arbres pionniers viennent s’y épanouir et y prospérer.

Habituellement mets favoris des herbivores, les jeunes arbres croient année après année, se frayant un chemin entre les frondaisons arquées de la ronce. Et puis celle-ci a aussi le bon goût de laisser assez d’espace et de lumière pour les quelques feuilles du feuillus, tout en couvrant et protégeant son pied de la compétition avec les herbacées, des sécheresses et des grands froids de l’hiver.

Et ce n’est pas tout. La ronce, en recréant un micro-climat au niveau du sol, créer des conditions favorables au développement des micro-organismes et des champignons. Ceux-ci participent de la foisonnante activité du sol, améliorant la structure de celui-ci et ses caractéristiques chimiques. Une fois l’arbre ayant atteint 3-4 mètres de hauteur et après avoir étoffé son houppier, la ronce va se retirer progressivement de son pied pour migrer lentement vers des endroits plus ensoleillés.

Cependant, l’alliance entre les ronces et les arbres du climat tempéré n’est pas sans hic. La ronce garde ses intérêts propres et n’a pas intérêt à migrer de là où elle s’est installée sans une bonne raison. Les arbres ne devront donc pas chaumer et pousser avec entrain afin de gagner leurs places au soleil. Pour cette raison nous ne vous conseillons pas de planter vos jeunes arbres dans des massifs de ronces! Nous vous invitons par contre à observer d’un peu plus près les essences qui poussent spontanément dans vos ronciers.