Qui sommes nous ?

Pierre BUCHWALDER

J’ai commencé par me rendre compte d’un truc. Dans le milieu de l’aménagement du territoire, peu nombreux.ses sont les architectes, urbanistes, aménageur.e.s à mettre les mains à la terre. Cette réalité s’est glissée dans mon quotidien alors que j’étudiais en Belgique entre 2012 et 2018. C’est au même moment que le sentiment d’urgence climatique commence à naître en moi. Puis c’est le manque cruel de participation des habitant.e.s aux décisions les concernant en matière d’aménagement qui finit par me détourner des cabinets d’architectures. Je me tourne vers d’autres cadres de travail. Moins prescriptif, plus participatif.

En 2015 je commence alors à envisager ma sortie de la voie classique en collaborant avec le collectif québecois Oïkos anima. Je me familiarise avec la philosophie et les pratiques de la permaculture. Puis l’année suivante, je reviens en Europe et consolide mes connaissances pendant 6 mois à la ferme urbaine du Début des Haricots, à Bruxelles. Je plonge dans les outils de gestion participative et de prise de décision collective et horizontale. Passionnant. 

Après avoir secoué mes idées au large, je quitte les sentiers battus et part vivre à Eotopia, créer un lien privilégié avec la terre au cœur du bocage charolais. Pendant trois ans je sème, observe, plante, expérimente la culture des plantes et leurs exigences. En compagnie du bruissement des grand lézards verts, des hululements de la chouette hulotte, du vol serein de la cigogne blanche, du chant estival du rossignol. Toutes ces rencontres m’impressionnent et me transforment. Je prends racine.

En 2018 je mets la main sur le livre de Martin Crawford sur la forêt-jardin. Je me lance alors dans une formation sur les champignons avec Natasha Leroux, chez elle dans le Morvan, à Permaforêt. Les échanges sont intenses et les cinq jours passent vite. Puis avec Elsa nous plantons à Eotopia une large sélection d’arbres fruitiers. Elle aussi a lu Martin Crawford et s’est formée avec Rakesh de Roots N’Permaculture ». Dans la foulée, nous accueillons ensemble Rakesh pour une formation sur la forêt-jardin. En février 2019, pendant une semaine nous revisitons la théorie de la forêt-jardin et les associons à la cartographie pour nourrir notre projet.

Nous plantons les guildes et associons les plantes, adaptant les variétés aux sécheresses qui furent sans précédent ces années-là. Tout autour les grands chênes ponctuant le paysage charolais de leurs magnifiques houppiers, ceux-là qui m’avaient accueilli, meurt. La nécessité de planter est d’autant plus forte. Des pistes fructueuses pour la culture des herbacées sont déjà documentées. Nous expérimentons avec succès les légumes à racine pivot, les amarantes, le chanvre, le sorgho. Il faut maintenant en faire de même avec les arbres, les arbustes et les lianes. Alors que les framboisiers reculent vers les zones d’ombres, nous plantons des groseilles à maquereau et des casseilles au soleil. Nous étoffons notre panel d’arbres avec des arbousiers, des figuiers, des abricotiers, des pêchers, des citronniers et des amandiers. Nous tentons aussi d’autres arbres venus d’ailleurs, notamment l’arbre à faisan et l’asiminier qui lui demande de l’eau et de l’ombre mais qui a le bon goût de faire des fruits similaires aux mangues. Dans la foulée nous intervenons sur le design de deux fermes, l’une dans le Morvan, « le Verger des hauteurs » chez Sylvain et l’autre en Angleterre pour la BareFootFarm.

En 2021 je pars d’Eotopia suite à des différences de visions avec les nouveaux-nouvelles ainsi qu’avec ces membres fondateurs.trices. Après avoir repris les études de master, je conclus mes études par la rédaction d’un mémoire sur le quartier libre des Lentillères, où je suis aujourd’hui l’un des usagers. J’y nourris plusieurs projets mêlant plantes méditerranéennes, BMX et défense des terres contre l’urbanisation. L’histoire ne fait que commencer !

Elsa SILVESTRE

J’ai pris le goût pour la nature de mes escapades estivales en Roumanie, terre familiale semi-sauvage en époque post-communisme, aujourd’hui encore pays le plus rural d’Europe.

Alors que mes études m’orientent vers la Sociologie et l’Anthropologie (master en 2012), j’égrène mes temps libres d’ouvrages sur les plantes médicinales et les plantes comestibles, complétant ce tableau par une licence en médecine alternative en Inde en 2015.

Itinérante en observation pendant plusieurs année (et maman solo à temps plein depuis 2017), je récolte et transforme plantes et fruits sur mon chemin, et m’enrichis des pratiques sur les lieux collectifs que je rencontre.

En 2018 je me forme à la permaculture et en particulier au Jardin Forêt Comestible avec Rakesh de Roots’n’Permaculture, accueilli par le Village de Pourgues. En 2019, je m’installe à Eotopia, riche d’une propriété collective dans laquelle je peux faire mes expériences en design et en collaboration de plantes. J’y expérimente aussi le lien entre la terre et le collectif, riche en enseignement pour mes pratiques d’accompagnement de groupe et de gestion de conflit en intelligence collective, mon activité principale.

Aujourd’hui, j’expérimente dans la région que j’occupe actuellement, le Pays Voironnais et la Chartreuse, en Isère. Mon large réseau social dans la région me permet d’expérimenter divers altitudes et divers sols, et te continuer l’implantation des plantes types des jardins forêts comestibles, propre à la résilience systémique face au changement climatique.

Je continue d’utiliser les méthodes de facilitation et d’éducation populaire d’apprentissage par l’expérience et par le jeu pour transmettre. J’ai à cœur de continuer de planter des plantes tout comme des amitiés, et des graines d’autonomie dans les connaissances des personnes intéressées et/ou passionnées.