La coopération inter-espèce

février 18, 2023 0 Par Pierre Buchwalder

L’Homme aménage et ménage les écosystèmes comme dans un livre ouvert. Le lien entre les êtres humains et le paysage ne trompe pas, il transcrit en temps réel la posture que chaque culture et chaque individu bâti à son égard.

Nos actions dans le monde physique révèlent notre compréhension du monde ainsi que nos affects et nos croyances. Peut-on bâtir une coopération inter-espèce basée sur une compréhension fine des écosystèmes habités par l’Homme ?

Le projet Fruticée en est convaincu et propose à ses partenaires de les accompagner sur ce chemin.

Pour ce faire il est capital de replacer quelque peu l’être humain et ses folles envies de high tech à la périphérie de processus métaboliques dont il en est le tributaire. Comprenez, dont il dépend viscéralement. Dont il ne peut se départir. En effet, nous sommes lié.e.s aux plantes pas par envies, mais pour notre survie. L’intensification des activités humaines des derniers siècles découle directement des liens de coopération construit entre les humains et les plantes. Ces liens paraissent pour certain.e.s plus que fade aujourd’hui. Cela n’est pas étranger au fait que les discours sur l’innovation présentent surtout la valeur ajoutée humaine qu’autres choses. Au cours du XXe siècle, les secteurs et filières tournés vers l’exploitation des liens humains-plantes ont été perverties par une logique mercantile, bafouant la part du contrat tacite tissé au cours des millénaires avec les plantes. C’est d’autant plus vrai à la sortie de la seconde guerre mondiale, où la majorité des paysans et paysannes français.e.s se voient modifier ou modifient leurs pratiques sous l’impulsion des ingénieurs agronomes français et états-uniens. Les plaines céréalières, dans la Bausse et le Perche sont les premières à être investies et sont le théâtre d’une modification bouleversante des liens entre Hommes et plantes. Les rendements sont triplés, c’est la révolution verte. Aujourd’hui ce modèle éprouvé est à bout de souffle. Un tournant ontologique est d’hors-et-déjà amorcé. Revenir aux bases du compagnonnage entre êtres humains et plantes.