Les étapes d’installation
Que ce soit une forêt-jardin, un jardin-forêt ou tout autre intervention au sein du paysage, l’aménagement d’un lieu s’inscrit dans un temps long. Les étapes du processus ci-dessous sont inspirées des outils mis en place par les architectes du paysages et la méthode OBREDIM (Observations-Bordure-Ressources-Évaluation-Implementation-Maintenance).
1. L’observation du lieu, attentive et délicate, relève une série d’impressions et de données croisant la qualité du sol et ses caractéristiques avec le climat, ses changements, et les différents espèces qui y vivent. Elle requière du temps et de l’humilité. Elle requière de se laisser toucher. De voir, de sentir et de comprendre. Et pour ce faire, de se rendre disponible, d’ouvrir nos sens à d’autres échelles de temps. Entre autres celle du chevreuil, celle du moineau, celle de la berce, celle du panicaut. Que le non-humain puisse nous atteindre. Que l’on puisse enfin être au rendez-vous. Une fois réalisée elle permet de d’établir un premier diagnostic.
2. Le diagnostic paysager. Celui-ci permet de caractériser et de traduire dans notre langue les composantes non-humaines du milieu. Établir sur carte les différentes aires, circulations, différences de hauteurs, points chaud et points froids, la composition paysagère, les lieux d’intérêts particuliers etc.
3. Formuler ses besoins et établir ses ressources. Après avoir réalisé quelques premiers documents dont des cartes sur les caractéristiques du milieu, il s’agit alors de préciser les besoins et désirs des êtres humains usant du lieu. Une discussion importante consistera à analyser toutes les sources d’énergie disponibles et indisponibles. Afin de consommer avec parcimonie, de prendre en conscience ce que j’ai ici pour donner là, à la hauteur de mes moyens. Ici il s’agit d’user du temps pour ménager le vivant. En pratique c’est une attention toute particulière portée à la fois au lieu et à son identité autant qu’aux envies et besoins exprimés.
4. La rencontre par le Design. Après avoir croisé les différentes composantes de ce qui est avec ce qui est projeté, le temps est venu de dessiner afin d’intégrer les éléments dans la matrice paysagère. Tout le travail de Fruticée réside dans la conception de projets entremêlant ces apports de différentes natures, dans le respect d’une éthique construite autour de la coopération inter-espèce.
5. Mise en place. Elsa et moi aimons travaillé dans un cadre horizontal où toute personne a voix au chapitre. Dans cette idée, un cadre d’échange d’information, de partage d’émotion et de mise en lien est proposé afin d’apprendre à se connaître et trouver sa place dans le groupe. Sur le chantier, apportons aussi nos peurs et déposons-les au centre du groupe. Elles ont leurs places et font partie du travail. Alors n’ayons pas peur de le dire, plus on est de fou plus on rit !
6. Entretien. Une étape capitale à ne pas oublier. C’est par la transmission patiente et la répétition des informations et des enjeux, qu’une forêt-jardin pourra s’épanouir dans le temps long. Un plan de suivi et d’entretien est établi avec les usagers et usagères du lieu.